APPEL à l'action effective car pertinente, 
pour qu'advienne un cycle nouveau d'authentique progrès

Le SYSTERRA

Lorsque la Terre est hors d'atteinte et la Nature a pratiquement disparu, un nouveau référentiel s'impose
 Allons aux faits puisque le constat est sans appel.

L’activité matérielle moderne est, dorénavant, un système standardisé de surexploitation de notre planète conforme aux injonctions de la civilisation industrielle qui fixe le cadre des lois spécifiques qui s’y appliquent. En ce sens, ce système provoque toujours des résultats de même nature, car les mêmes causes produisent les mêmes effets, à savoir un changement drastique et brutal des conditions biogéochimiques de notre planète. De la sorte, ces nouvelles conditions nous imposent de nouvelles contraintes vitales et disqualifient, de facto, les concepts de Terre et de Nature par la rapidité et l’ampleur du processus de transformation en cours. 

Au demeurant, remettre en cause la pertinence de la Terre et de la Nature en tant que référentiels à l’origine de nos principaux questionnements sur l’environnement et sur le développement durable peut sembler de prime abord déconcertant. Cependant, l’incompatibilité des échelles de temps et la reconfiguration des espaces disponibles l’imposent. D’une part, la temporalité de la Terre n’est pas en accord avec celle du processus de transformation en cours : 4,5 milliards d’années d’existence pour la première contre seulement moins de 250 ans pour le second, soit par équivalence, si la Terre n’avait qu’un an, le processus de transformation aurait débuté il y a moins de 2 secondes. D’autre part, à l’aune de sa définition la plus neutre – « tout ce qui existe sans l’action de l’Homme » [a] –, la Nature seule a majoritairement disparu aujourd’hui de notre planète puisqu’elle représente moins de 20% de la surface émergée non glacée [b]. Dès lors, nous n’avons plus de système de référence adapté afin de comprendre concrètement le mécanisme global ainsi que la dynamique spécifique enclenchée par l’activité matérielle moderne. En l’occurrence, en l’absence d’une vision d’ensemble, à la fois claire et pragmatique, comment penser en stratège et agir en Homme sage si nous préférons résoudre des problèmes au lieu de les éviter ? Plus précisément, comment peut-on encore savoir sur quoi il faut agir, pourquoi il faut agir, avec quelle méthode et pour quels résultats ? 

À l’évidence, aujourd’hui, l’enjeu primordial est de découvrir une nouvelle lecture du monde qui, à l’écart des utopies et des dogmatismes, engendre un agir commun effectif et viable à grande échelle, « car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien » [c].

En définitive, la nécessité d’un nouveau référentiel structurant à la bonne échelle pour le bon questionnement prend tout son sens. En l’espèce, ce concept fécond à vocation universelle institue le système premier, celui qui nous impose les contraintes les plus fortes : le SysTerra, notre unique Système Terre fini et clos.


[a] Alain Rey et Paul Robert, Le grand Robert de la langue française, Paris, le Robert, 2001.
[b] Erle C. ELLIS et AL., « People have shaped most of terrestrial nature for at least 12,000 years », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America - PNAS, 118 (2021), e2023483118. 
[c] René Descartes, Discours de la méthode : Pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences, Leyde, Jan Maire, 1637, première partie.

                                                                                                                                                                                     
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